Le phénomène du retrait social est clairement identifié au Japon depuis la fin des années 1980. Les personnes concernées, principalement des jeunes hommes, sont nommées « Hikikomori » (Le Hikikomori correspond à l’état de personnes qui restent cloîtrées, retranchées chez elles pendant plus de 6 mois […] et qui évitent toute participation sociale).
Cette problématique se développe à bas bruit dans de nombreux pays, dont la France. Elle touche non seulement les jeunes mais l’ensemble de leur entourage. Elle questionne de façon prégnante le fonctionnement sociétal actuel, car si ces jeunes utilisent massivement lnternet pour rester « connectés » au monde qui les entoure et occuper leurs journées, ils ne sont que très peu présents sur les réseaux sociaux, comme s’ils ne souhaitaient qu’une chose : échapper aux regards, éviter tout contact, ne plus être sollicités par les autres.
Cette expérience de la solitude et de l’enfermement questionne. Comment s’installe-t-elle ? Comment est-elle vécue au quotidien par les jeunes et leur entourage ? Est-ce un choix conscient, un passage ? Dans quoi s’inscrit cette absence totale d’envie ? Comment et à quelles conditions peuvent-ils renouer les liens avec le monde qui les entoure ?
aux jeunes en situation d’isolement et de rupture sociale, passant un temps excessif devant les écrans, avec parfois une consommation associée de cannabis et ou d’alcool. Nous leur proposons des entretiens, des consultations individuelles, dans un espace préservant la confidentialité, ou par téléphone, mail ou visio. Nous proposons aussi, tous les mois, un temps d’échange en groupe pour ceux qui le souhaitent
À leur entourage : les personnes sont reçues dans le cadre de consultations individuelles et confidentielles. Ces consultations peuvent aussi se faire à distance.
Il s’enferme, s’enfonce, et moi avec.
Et puis, je tape « addiction » sur mon ordinateur. Le nom d’une association apparaît. Il y a un formulaire. J’écris, on me répond.
On me donne un rendez-vous.
Je vais parler, enfin, à quelqu’un.
Quelqu’un qui ne jugera pas ; devant qui je ne serai pas coupable. Quelqu’un qui essaiera de comprendre.
Nous essaierons de comprendre, ensemble.
Et puis, un matin, autre image : B est assis sur le bord de son lit, un médecin de l’association l’attend, il a rendez-vous.
Il ne veut pas, il ne peut pas, il transpire, il ne bougera pas. Il est gris, a mal au ventre, envie de vomir. Il ira plus tard, demain, ou après-demain, mais pas aujourd’hui, il ne peut pas.
Je lui tends la main, il la regarde, puis l’agrippe, se lève, me suit.
Il est dehors.
Sa main dans ma main. J’ai l’impression de lui donner la vie une seconde fois.
J’ai appris cela : on n’a jamais fini d’élever son enfant, ou plus exactement, on n’a jamais fini de s’élever à travers lui.
Donner la vie dure toute une vie.
B m’a beaucoup appris, et ce n’est pas fini.
Il y aura des rechutes, des temps d’arrêt, des crises. Rien n’est jamais acquis à l’homme, disait le poète Aragon.
Aujourd’hui, B observe le monde, il veut être dedans. Il s’est redressé, a enlevé sa capuche, il sort tête nue. Il a trouvé un chemin dans ce monde dont il avait si peur.
GS
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